Histoire des Sercices d'Information Documentaire (SID) en Afrique: 1ère partie
Peut-on à partir du vécu actuel
croire à une évolution positive des SID en Afrique? Quelles sont les conditions
à mettre en place pour atteindre des résultats probants?
Pendant
longtemps, les Services d’information documentaire (SID) ont été les parents pauvres
dans les politiques nationales de développement en Afrique. En effet, les
nouveaux dirigeants au lendemain des indépendances n’ont pas pris conscience
des nombreuses et précieuses contributions que les unités d’information
documentaire (bibliothèques, services archives et de documentation) peuvent
apporter dans l’atteinte des objectifs de développement. Aussi a-t-on assister
à une négligence qui n’a pas permis de développer des conditions favorables à
l’émergence de véritables systèmes documentaires. Mais les années passant, quel
est l’état des lieux actuel ? La situation actuelle augure t-elle d’un avenir
meilleur pour les SID en Afrique ? Ou encore quelles sont les conditions qu’il
faut créer pour donner au continent noir des unités documentaires dignes de ce
nom ?
Si la situation a été désastreuse dès l’accession à l’indépendance dans les
pays africains, force est de constater que de nos jours les donnes ont
nettement changées. En effet, contrairement aux années 1960, des écoles,
instituts ou centres de formation ont été créés dans beaucoup de pays. En plus
du Sénégal qui est le pionnier en cette matière, des formations aux métiers de
l’information documentaire sont dispensées dans des pays comme le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Burkina
Faso, le Gabon, le Niger, le Cameroun,la République Démocratique du Congo, le Togo, le Maroc, l’Egypte. Avec la possibilité pour les
ressortissants de pays qui ne disposent pas pour l’instant de faire former dans
ceux qui en disposent, l’on doit dire que le grand vide qui existait dans le
domaine de la formation est en grande partie comblé. Cela d’autant plus que des
institutions de formation sur le continent en arrivent à nouer des partenariats
soit avec des pays occidentaux, soit avec des institutions internationales pour
des appuis techniques ou financiers. Citons dans ce cas l’EBAD à Dakar et
l’ESSTIC au Cameroun qui ont acquis une renommée internationale aujourd’hui par
la qualité des formations qui y sont offertes ainsi que par les diplômes qui y
sont délivrés. Nul doute que les professionnels de l’information documentaire
sont désormais plus formés et partant plus outillés pour la rénovation des
centres documentaires déjà existants et pour la construction de véritables
systèmes documentaires que mérite l’Afrique et dont elle a besoin pour son
véritable essor sur tous les plans.
La force de développement des unités documentaires en Afrique réside aussi dans
les regroupements professionnels qui
existent dans les pays où exercent les bibliothécaires, archivistes et documentalistes.
Pour le Bénin, il s’agit de l’Association pour le développement des activités
documentaire au Bénin (ADADB) qui fonctionne avec un bureau exécutif et qui
fédère les actions en matière d’activités documentaires. Aussi bien l’ADADB que
d’autres organisations pareilles dans d’autres pays africains sont des
instruments très performants de formation continue pour les professionnels qui
y trouvent un bon moyen de perfectionnement et de mise à jour de leurs
connaissances. Cela est effectivement de l’ordre à faire croire en un avenir
meilleur pour les SID en Afrique.
N’oublions pas non plus le cadre législatif et règlement qui ont beaucoup
évolué depuis les indépendances. Alors que les débuts du monde documentaire
étaient caractérisés par l’utilisation commune de textes que le colon avait
établis pour l’ensemble des colonies, on note de plus en plus une volonté de
régir le domaine selon les particularités de chaque pays. Ainsi les
professionnels et les institutions documentaires pourront posséder un statut
juridique clair pour leur plein épanouissement. C’est ainsi qu’au Bénin, il a
été récemment mis sur pied une commission technique nationale qui a réfléchi
sur la loi devant régir les archives et l’exercice du métier d’archiviste.
Parlant de volonté, notons aussi que les mentalités évoluent chez les décideurs
qui veulent doter leurs pays de véritables pôles d’information. Citons à titre
d’exemple le Président sénégalais qui voit ‘’la nécessité d’ouvrir des bureaux
d’information économique dans les ambassades du Sénégal à l’étranger.
Compte tenu de tout ce qui précède, il apparaît que l’on peut avoir foi pour
une évolution positive des SID en Afrique ? Mais évidemment tout n’est pas
encore rose et il reste encore à faire pour avoir des SID modèles sur le
continent.
Comme tout le monde le sait, la formation et surtout la formation de qualité
qui assure une ressource humaine à la hauteur des défis est le gage de toute
réussite. Le secteur de l’information documentaire n’en fait pas exception, au
contraire. La création à tout va des institutions de formation sur le continent
n’est la solution. Encore qu’il faut absolument s’assurer que l’on a les moyens
humains, financiers, matériels et organisationnels suffisants pour réussir. Ce
n’est pas encore le cas partout sur le continent. La plupart des pays doivent
encore revoir leurs formations pour donner aux professionnels des connaissances
et des compétences qui leur permettront d’avoir un niveau universel. Il faut
donc des formations ouvertes aux réalités actuelles mondialement reconnues des
métiers de l’information documentaire.
Un problème crucial à résoudre pour l’émergence du monde documentaire en
Afrique est la reconnaissance des professionnels. Il faut absolument leur
donner un statut social officiel qui favorise leur épanouissement. Cela passe
par le renforcement du cadre législatif et règlementaire, par l’amélioration
des conditions de vie et de travail des professionnels. Cela passe aussi par la
création de diplômes valables non seulement dans les pays où les formations
sont données mais aussi ailleurs sur le continent et en dehors du continent.
Louons dans ce sens les efforts qui sont faits par l’EBAD à Dakar pour la
création du diplôme de master professionnel. Mais il faut aussi des masters
recherche et des diplômes de niveaux plus élevés afin de donner à l’Afrique des
spécialistes qui soient capables de réfléchir, d’inventer.
Il est important de continuer dans le sens des partenariats avec les grandes
écoles dans les pays développés et avec les institutions internationales
professionnelles qui aideront nos pays africains à avoir l’expertise nécessaire
dans les domaines concernés par la pratique documentaire.